Nommé en 1913 ambassadeur des États-Unis auprès de l'Empire ottoman par le président Wilson, Morgenthau se retrouva face à une montagne de rapports détaillant les massacres de masse perpétrés à travers l'Empire.
Au début du génocide, initié en 1915, Morgenthau observa et écouta avec incrédulité.
Il implora une intervention de son gouvernement, apostrophant le ministre de l'Intérieur Talaat Pacha avec cette phrase restée célèbre : « Notre peuple n'oubliera jamais ces massacres ».
En 1915 il écrivit au Département d'État pour demander des fonds destinés à aider le peuple arménien et avertir que la Turquie était en train de perpétrer une campagne d'extermination raciale évoquant le vague prétexte de représailles contre la rébellion.
Le comité chargé de la collecte de fonds, nommé Near-East Relief, réunit le montant colossal de 100 millions de dollars (plus d'un milliard de dollars de nos jours) au cours des 15 années qui suivirent et apporta secours, main d'œuvre et infrastructures (hôpitaux et orphelinats).
Mais sa tâche première tout au long de l'année 1915 fut de dénoncer les évènements et de s'assurer que, s'il ne pouvait arrêter le carnage, il ferait tout pour que le monde en soit informé.
Écœuré par le manque d'action politique alors que le génocide continuait d'être perpétré, Morgenthau, démissionna de son poste d'ambassadeur en 1916.
Son héritage repose dans ses déclarations.
Il déclara à la communauté internationale : « J'ai trouvé inacceptable d'être associé plus longtemps à des gens qui, quelles que soient leurs bonnes manières et leur sympathie, étaient néanmoins capables de répandre le sang de millions de personnes ».
Deux ans plus tard il publia « Ambassador Morgenthau's story », qui dévoila la cruelle vérité au sujet des meurtres de masse et des déportations. Il révéla les vols et les destructions qui se cachaient derrière les marches forcées dans le désert, la réalité de ce massacre d'un genre nouveau. Lorsque les autorités ottomanes donnèrent leurs consignes pour organiser ces déportations, « elles signèrent ni plus ni moins l'arrêt de mort de toute une race. » Ecrivit-il.
Morgenthau est né en 1856 à Mannheim en Allemagne. Il était le neuvième de onze enfants d'une famille fondée par un fabriquant de cigares prospère qui s'expatria avec eux à New York en 1866. Morgenthau devint un avocat renommé, membre du Parti démocrate et ami personnel de Woodrow Wilson.
Bien que passé à la postérité grâce à ses expériences dans l'Empire ottoman et à l'organisation du sauvetage et de l'expatriation de milliers de survivants des massacres de Smyrne (Izmir) en 1923, en tant que responsable du Comité de la S.D.N. pour l'établissement des réfugiés, sa compassion ne se limitait pas aux Arméniens.
Il mourut en 1946 mais ses publications et le courage moral qu'elles démontrent lui survivent.
Cette histoire a été authentifiée par l’équipe de chercheurs de 100 LIVES, crédits photos : Musée Institut du Génocide des Arméniens