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Des experts se sont réunis aux Dialogues Aurora de Berlin

Des experts se sont réunis aux Dialogues Aurora de Berlin

Les participants ont convenu que les principaux obstacles à des solutions efficaces sont l'incompréhension de la question par le public, le manque de solidarité à l’échelle européenne et la nécessité d'une collaboration publique et privée accrue.

Les Dialogues Aurora, "Des millions en mouvement : besoin de développement et d'intégration", se sont déroulés cette semaine les 4 et 5 décembre à Berlin, ville choisie en raison de l'importance du sujet pour l'Allemagne et l’Union européenne.

L'événement, auquel assistaient des personnalités humanitaires et des droits de l'homme telles que Mary Robinson, Leymah Gbowee et Norbert Lammert, a cherché à catalyser les échanges et à proposer des idées sur la manière dont l'Allemagne et l'UE pourraient identifier les solutions aux défis mondiaux les plus urgents.

Les gens sous-estiment l'ampleur de la question migratoire mondiale

Un point clé de la conférence était la migration mondiale et l'ampleur du problème. 65 millions de personnes ont fui leur pays d'origine et 700 millions de personnes dans le monde entier envisageraient de migrer s'ils en avaient l'opportunité. Ces chiffres n'incluent pas les populations généralement exclues du débat public sur la migration, telles que les personnes déplacées à l'intérieur des pays (PDI) ou plus de 200 millions de personnes menacées de déplacement en raison du changement climatique et de ses effets d'ici 2050.

Idées reçues et déconnexion avec la réalité caractérisent le débat actuel

Le conférencier principal, Norbert Lammert, ancien président du Bundestag allemand, a déclaré : «Parler de migration signifie souvent parler d’idées fausses.» Les participants s'accordent pour dire que le débat public repose sur des idées fausses. Cette notion est clairement appuyée par les résultats de l'Index Humanitaire Aurora 2017, une enquête internationale qui examine la réponse du public aux défis humanitaires urgents et aux façons dont ils ont été confrontés. L'Index, qui a interrogé 6 500 personnes dans 12 pays, a constaté qu'une majorité pense que leur pays a fait plus pour les réfugiés qu’il ne le devrait réellement et que l’opinion publique mondiale est de plus en plus sceptiques sur la capacité individuelle ou collective de faire la différence. Seulement 9% des personnes interrogées pensent que leurs actions peuvent faire la différence pour trouver une solution à la crise mondiale des réfugiés.

La déconnexion démontrée dans l'Index, et les arguments fallacieux, ont conduit à des appels accrus pour un débat civil sur la migration et l'intégration, les experts ont fait valoir que le débat existant est déséquilibré et détaché de la réalité.

Mary Robinson, ancienne Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme et ancienne Présidente de l'Irlande, a déclaré au cours des Dialogues : «Les histoires sont importantes, mais malheureusement, nous entendons trop peu parler des personnes impliquées. Ce qui arrive réellement aux déplacés comme aux réfugiés, est important. » Elle a également soutenu que l'image que les médias décrivent est souvent trop unilatérale et négative, et que le fait d'aborder la question d’un point de vue politique pourrait influencer le débat et impact sur l'intégration réussie.

"Nous devons surmonter l'écart entre les émotions perçues et les faits réels", a déclaré Rita Süssmuth, ancienne présidente du Bundestag allemand. Dr. Ingrid Hamm, fondateur de Global Perspectives Initiative a également commenté : «Nous devons ajuster notre façon de penser pour qu’elle soit beaucoup plus globale. En ce qui concerne les thèmes de la migration et les raisons de la fuite, il subsiste un énorme manque d'informations, ainsi qu'un besoin croissant de renforcer le dialogue entre l'Afrique et l'Europe. "

Appel à une approche européenne claire et collective

Les participants aux dialogues ont convenu qu'une gouvernance claire constitue une condition préalable essentielle au succès de la migration et de l'intégration. Rita Süssmuth a noté : «Une gouvernance plus claire en matière de migration est la clé de la lutte contre la xénophobie. Il manque à l'Allemagne une loi officielle sur l'immigration, ce qui accroîtrait la clarté, assurant un processus plus facile et plus coordonné. »

Les orateurs ont également critiqué l'UE pour son manque de coopération au niveau régional dans la lutte contre la crise des réfugiés et son manque d'action pour mettre en place des processus coordonnés pour traiter cette question, arguant que plusieurs États européens ne reconnaissent pas la réalité et l'ampleur de la situation.

Norbert Lammert a soutenu que les critiques portent moins sur la «capacité d'absorption» et davantage sur l’absence de sentiment de responsabilité partagée et d'engagement à résoudre le problème. « S'il y a un pays dans lequel il existe une large conscience que la migration ne peut pas être entravée par des murs, c’est bien l'Allemagne. La migration n'est pas un état d'urgence soudain mais, en ce qui concerne le contexte historique, un aspect normal de notre histoire – il présente à la fois des problèmes et des opportunités », a dit M. Lammert. 

Hausse de la coopération publique et privée

Les experts ont souligné la nécessité d'une meilleure coordination entre les initiatives publiques et privées, le secteur privé agissant en tant qu'accélérateur et catalyseur de la croissance, et le secteur public supervisant les projets à plus grande échelle.

Anja Langenbucher, directrice du bureau européen de la Fondation Gates, a souligné l'importance des initiatives privées dans le secteur du développement : «Les initiatives privées agissent comme des catalyseurs. Dans le même temps, nous réduisons les risques pour les investisseurs et avons des objectifs quantitatifs clairs ». 

Les participants aux dialogues ont conclu les échanges en notant que des mesures immédiates et des débats supplémentaires sont de la plus haute importance pour résoudre la crise migratoire de longue date.

Conformément à l'esprit du Prix Aurora for Awakening Humanity, les Dialogues Aurora offrent une plate-forme aux experts et aux personnalités engagées qui s'efforcent de trouver des solutions aux défis mondiaux les plus urgents. A présent dans sa troisième année, les Dialogues favorisent un échange intellectuel et interdisciplinaire pour mieux tenir compte des connaissances du passé afin de mieux informer les décisions du présent et contribuer ainsi à un avenir meilleur.

Les Dialogues Aurora de Berlin ont accueilli des personnalités majeures telles que l'ancien président du Conseil de l'Eglise protestante d’Allemagne, le Prof. Dr. Wolfgang Huber ; Mary Robinson, ancienne présidente d'Irlande et Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme ; Geert Cappelaere, directeur régional de l'UNICEF pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord ; le Représentant personnel du Chancelier allemand pour l'Afrique, Günter Nooke ; le directeur de la Robert Bosch Stiftung, Christof Bosch; et Leymah Gbowee, lauréate du prix Nobel, parmi d’autres.

La conférence, qui s'est tenue dans l'auditorium de la Robert Bosch Stiftung à Berlin, a été organisée en partenariat avec l'Initiative Humanitaire Aurora, Global Perspectives Initiative et Robert Bosch Stiftung, avec le soutien de la Fondation Mercator.

Plus de détails sur le programme, les conférenciers et les organisateurs des Dialogues Aurora ici.