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Résumé de la Cérémonie du premier Prix Aurora

Résumé de la Cérémonie du premier Prix Aurora

La cérémonie inaugurale du Prix Aurora a eu lieu le 24 avril au Palais des Sports et de la Musique Karen Demirchyan d'Erevan, la capitale de l'Arménie. Dès le hall d'entrée somptueusement décoré de reproductions de manuscrits anciens, les invités furent accueillis avec des rafraîchissements et une animation musicale par un sextuor.
 

La cérémonie débuta par un film déchirant sur Aurora Mardiganian, dont le prix porte le nom. Ce film, combinaison puissante d'images fixes, de séquences d'archives datant d'un siècle, lorsque les autorités ottomanes perpétrèrent un génocide contre leurs sujets arméniens, de croquis et d'animations, présenta le récit poignant de la survie d'Aurora et de la quête qu'elle entreprit ensuite pour raconter au monde entier le calvaire de son peuple grâce au film Ravished Armenia. Réalisé par Eric Nazarian, ce film évoquait ces personnes qui prirent de grands risques pour en sauver d'autres d'une mort imminente, les abritant et protégeant réfugiés et survivants. "Au nom des survivants du génocide arménien et en témoignage de reconnaissance envers leurs sauveurs, l'Aurora Prize for Awakening Humanity célèbre la force de l'esprit humain qui pousse à agir face à l'adversité. « Tout un chacun, où qu’il se trouve dans le monde est éligible au Prix », précisait la voix off "Nous saluons ceux qui vouent leur existence à permettre à d'autres de vivre et changer les choses." La bande-son du film incluait Aurora's Dream, une composition réalisée spécialement par Serj Tankian pour la cérémonie.

 

D'éminents humanitaires réunis au Palais des Sports et de la Musique Karen Demirchyan à Erevan, en Arménie pour la cérémonie inaugurale du Prix Aurora

La vidéo fut suivie d'une prestation du Ballet 2012, chorégraphiée par Roudolf Kharatian. Le ballet "Deux Soleils" raconte une histoire reprise du Livre des Lamentations de Grégoire de Narek, une marque de reconnaissance envers l’apport de la culture arménienne aux valeurs universelles. Le spectacle culmina lorsqu'un des danseurs dévoila la statuette du Prix Aurora. Les danseurs étaient accompagnés au plan musical par le Jeune Orchestre National d'Arménie, dirigé par Sergey Smbatyan.

 

Les danseurs de la Fondation Ballet 2021 en représentation lors de l'ouverture de la cérémonie inaugurale du Prix Aurora

Co-animateurs de la manifestation, la cantatrice Hasmik Papian et le journaliste et romancier David Ignatius, accueillirent les invités de cette cérémonie. Une ovation se fit entendre dans toute la salle lorsqu'ils évoquèrent le nom Chavarche Karapétian, incarnation moderne du "héros ordinaire," qui n'hésita pas à prendre des risques pour sauver d’autres gens.

 

Les interprètes présentant la statuette du Prix Aurora créée par Manvel Matevossian

Les animateurs invitèrent ensuite Joyce Barnathan, de l'International Center for Journalists, à rejoindre la scène et remettre le premier Integrity in Journalism Award [Prix du Journalisme Intègre] de l'ICFJ à Rukmini Callimachi, du New York Times. Après un clip vidéo illustrant les reportages de Callimachi sur les atrocités perpétrées par al-Qaïda et l'État Islamique, ainsi que les conditions de vie terribles endurées par les réfugiés yézidis, dans lequel elle déclare que son "objectif est de faire briller la lumière de la vérité sur chaque histoire qu'elle couvre," la lauréate se rendit sur scène. "Je suis honorée et touchée de recevoir ce prix. Je veux remercier l'ICFJ, 100 LIVES et l'équipe du Prix Aurora pour cet honneur," exprima-t-elle. "J'écris mes histoires avec tout mon cœur et je les livre au monde, qui les a alors en main." Deux enfants, des réfugiés yézidis vivant en Arménie, rejoignirent Callimachi sur scène et au nom de leur peuple, la remercièrent pour le travail qu'elle accomplit en mettant la lumière sur la détresse des Yézidis.

 

Rukmini Callimachi, lauréate du premier Integrity in Journalism Award de l'ICFJ, en partenariat avec le Prix Aurora

Le programme se poursuivit par un hommage à Kirk Kerkorian, aujourd'hui disparu, qui excella dans le monde des affaires et se montra d'une générosité hors pair. Le docteur Eric Esrailian, principal producteur de Survival Pictures, une compagnie cinématographique créée par Kerkorian, se présenta sur scène, déclarant : "Je tiens aussi à remercier particulièrement les organisateurs et les fondateurs du Prix Aurora pour avoir fait de l'Arménie le cœur et l'âme du dialogue humanitaire à travers le monde, ce week-end." Le docteur Esrailian partagea ensuite la bande-annonce de The Promise, prochain film de Survival Pictures, consacré à un couple d'amoureux qui se retrouvent emportés par les atrocités du génocide arménien.

S'ensuivit un concert de la Symphonie n° 2, Le Tocsin, composée par le grand compositeur arménien Aram Khatchatourian en pleine Seconde Guerre mondiale. La musique était accompagnée de projections des portraits de dizaines de soldats arméniens tués lors de la récente guerre de quatre jours au Karabagh.

 

Vartan Gregorian, cofondateur de 100 LIVES, avec Leymah Gbowee, membre du Comité de Sélection, et Syeda Ghulam Fatima, finaliste du Prix Aurora

En venant à la présentation du finaliste du premier Prix Aurora, David Ignatius partagea une histoire qu'il "n'a jamais pu publier dans un journal" - une fable sur le paradis et l'enfer, où l'enfer est une pièce avec une casserole pleine de nourriture sur la table et des gens affamés assis autour, tenant des cuillères avec de très longs manches - trop long pour les amener dans leurs bouches. Le paradis, en revanche, est cette même pièce, mais les gens autour de la table sont repus et joyeux parce qu'ils se nourrissent mutuellement. "Le paradis et l'enfer ont la même forme, la différence réside en nous - dans notre capacité à partager et à coopérer," conclu Ignatius.

Les animateurs invitèrent le docteur Vartan Gregorian, cofondateur de 100 LIVES et président de la Carnegie Corporation de New York, et Leymah Gbowee, Prix Nobel de la Paix, à venir sur scène. Gregorian révéla que 186 candidatures émanant de 26 pays avaient été proposées pour le Prix Aurora, présenta le processus d'étude des candidatures et de sélection des finalistes, puis diffusa un message vidéo d'Elie Wiesel, survivant de la Shoah et militant des droits de l'Homme. "Que serait la société, que serait la culture, sans la mémoire ? [...] Tant d'Arméniens auraient pu être sauvés, auraient dû être sauvés à cette époque... Sans notre travail collectif, qui sait combien de gens auraient besoin demain de paroles de réconfort ?" s'est interrogé Wiesel.

Gbowee présenta Syeda Ghulam Fatima, secrétaire générale du Bonded Labor Libertation Front du Pakistan. Le point d'orgue de la vidéo présentant son histoire est une opération réussie de sauvetage d'esclaves, entreprise de nuit et nécessitant de corrompre des officiels afin de réunir une famille. La vidéo s'acheva avec les portraits de quatre personnes sauvées par Syeda, laissant le public au bord des larmes.

 

Michela Catena, la nièce du docteur Tom Catena, finaliste du Prix Aurora, reçoit le Prix en son nom

Fatima, elle, avait les larmes aux yeux, lorsqu'elle monta sur scène pour recevoir sa statuette : "Lorsque j'ai entamé mon combat, il y a 36 ans, mes propres compatriotes étaient contre moi, ils ont tenté de me tuer pour mettre fin à mon activité... Me voilà ici, inspiré par Madame Aurora. Elle est vivante ! Longue vie à elle ! Ensemble nous allons changer le monde, voir un monde où il n'y a pas de place pour l'esclavage, pour l'injustice, pour les traitements inhumains. Merci, merci beaucoup !" Syeda demanda au public de se lever pour une minute de silence en hommage aux victimes que l'humanité n'a pas réussi à sauver.

Dans son message vidéo adressé au public, Mary Robinson, membre du Comité de Sélection, ancienne Haut Commissaire aux Droits de l'Homme des Nations Unies et ancienne Présidente de l'Irlande, évoqua les finalistes. "Ce fut une expérience très prenante, très émouvante, très particulière de faire partie du Comité de Sélection, de pouvoir distinguer les réalisations de ces quatre finalistes," a-t-elle déclaré.

Présentant le second finaliste du Prix, Hasmik Papian raconta l'histoire d'une multitude d'étoiles de mer échouées sur une plage après une grande marée. Un jeune garçon arrive et commence à remettre à l'eau les étoiles de mer. "Il y a des millions d'étoiles de mer ici, tes efforts ne vont pas changer les choses," lui déclare un ami. "Ils changent les choses pour cette étoile de mer," lui répond le jeune garçon, tandis qu'il jette à l'eau une étoile de mer qu'il tient en main. Témoins de sa sagesse, les autres garçons se joignent à lui. "Un par un, voilà comment nous faisons le bien dans ce monde," déclara Ignatius, invitant Gareth Evans, président émérite de l'International Crisis Group et ancien ministre australien des Affaires étrangères, et Shirin Ebadi, première femme avocate d'Iran et Prix Nobel, à remettre la statuette au docteur Tom Catena. "Les fondateurs sont des gens très persuasifs, mais ils n'ont pas eu à travailler très dur pour convaincre les neuf membres du Comité de Sélection venus du monde entier participer," déclara Evans, dressant ensuite un parallèle entre le Prix Aurora et le Prix Nobel de la Paix. "L'objectif du Prix est de nous inciter à ne pas oublier le génocide arménien, comme tant de gens le voudraient."

Avec l'aide d'une traductrice, Shirin Ebadi présenta en persan l'histoire du docteur Catena. "Il est l'ultime espoir des populations soumises à ces atrocités. Et pourtant il a refusé d'abandonner ces gens désespérés, et malgré toutes ces atrocités et toutes ces menaces pesant sur sa vie, il est resté à l'arrière pour les aider," déclara-t-elle. Seul chirurgien présent dans la région, au service de 750 000 personnes, le docteur Catena ne pouvait être présent à la cérémonie, mais il envoya un message vidéo par Skype. En enregistrant ce message, le docteur Catena fut appelé en urgence dans la salle d'opérations pour s'occuper d'autres victimes du conflit en cours au Soudan du Sud. La nièce de Catena, Michela, une écologiste de renom, reçut la statuette en son nom.

 

Le Père Bernard Kinvi, finaliste du Prix Aurora, avec Noubar Afeyan, cofondateur de 100 LIVES

Une autre parabole s'ensuivit, concernant cette fois un beau jeune homme se vantant d'avoir le cœur le plus admirable qui soit, sans la moindre égratignure ou bosse. Mais un jeune garçon déclare que le cœur de son grand-père est plus admirable encore - un vieux cœur auquel il manque plein de morceaux, tout blessé. "Ton cœur a l'air parfait, mais jamais je n'échangerai mon cœur avec le tien. Chaque cicatrice sur mon cœur représente une personne à qui j'ai donné de l'amour - une partie de mon cœur. Et cette personne a donné une partie du sien pour combler le vide dans le mien." Le jeune homme finit par donner au grand-père une partie de son cœur, et même si le sien n'est désormais plus parfait, il convient qu'il est bien plus beau.

Hina Jilani, ancienne Représentante spéciale aux droits de l'Homme du Secrétaire général des Nations Unies, et Noubar Afeyan, cofondateur de 100 LIVES, principal associé et PDG de Flagship Ventures, arrivèrent sur scène pour présenter le finaliste suivant. Afeyan raconta l'histoire de deux employés allemands du chemin de fer qui sauvèrent son grand-père du génocide. "Ce qui définit cet engagement dans l'esprit humain, voilà ce que nous célébrons ici aujourd'hui," déclara-t-il. La vidéo présentant l'action du Père Bernard Kinvi n'a pu être filmée en prévision de la cérémonie, du fait du danger omniprésent en République Centrafricaine. La vidéo fut donc compilée à l'aide de séquences d'archives et d'un entretien vidéo avec le Père Kinvi. En tant qu'homme de religion, le Père Kinvi estime que "seul l'amour peut abattre les murs de la haine." C'est en français qu'il prononça ses quelques mots de remerciements. "Je suis extrêmement honoré d'être ici avec vous aujourd'hui et de partager cette célébration de l'amour," a-t-il déclaré.   

Dans un message vidéo, Oscar Arias, membre du Comité de Sélection, Prix Nobel et Président élu à deux reprises du Costa Rica, déclara : "Le plus beau don qu'un humain puisse faire aux autres est le don de l'amour. Ce prix m'a donné non pas un, non pas deux, mais des dizaines et des dizaines de raisons d'espérer." Suite à quoi, il acheva en déclarant qu'il espérait que ses homologues humanitaires "trouvent en Arménie le même espoir en l'avenir que vous m'avez donné." Le message fut suivi d'une prestation inspirée d'Hasmik Papian, soprano à la voix de cristal et co-animatrice de la soirée, qui chanta la Berceuse de Parsegh Ganatchian devant l'image projetée d'un lever de soleil sur le Mont Ararat.

 

                             Hasmik Papian interprétant la "Berceuse" de Parsegh Ganatchian

Ruben Vardanyan, co-fondateur de l'Initiative 100 LIVES et du Prix Aurora, présenta la quatrième finaliste, Marguerite Barankitse, "une mère pour des dizaines de milliers d'enfants." George Clooney, co-président du Comité de Sélection et acteur de réputation internationale, rejoignit Vardanyan et le présenta avec jovialité comme son ami "Matt Damon." "Tu as l'air en forme ces jours-ci, Matt," dit-il à Vardanyan. Comme, d'après Clooney, les Arméniens adorent porter des toasts, il porta un toast aux trois co-fondateurs pour "leur bonne action."

 "La cruauté a toujours été au centre - non pas l'autodéfense, ni la guerre, mais la destruction délibérée de tout un peuple. Cela est arrivé aux Arméniens il y a 101 ans, et nous constatons que ce s'est répété à travers le monde depuis en Allemagne, au Cambodge, en Bosnie, au Rwanda... J'ai vu le pire dont l'humanité est capable. Mais j'ai vu aussi quelque chose d'autre, quelque chose de plus fort que la haine. J'ai vu du courage, de la bonté et des actes d'amour incroyables. Ce soir nous en célébrons les meilleurs exemples."

George Clooney rappela le combat de sa famille durant la Grande Famine en Irlande. En honorant les finalistes, "nous honorons le million et demi de vies fauchées il y a 101 ans, et nous honorons ces vies en appelant leur tragédie par son véritable nom - le génocide arménien. Nous nous hissons tous sur les épaules de gens de bien qui n'ont pas détourné le regard quand nous étions dans le besoin," déclara Clooney. Il rappela ces mots célèbres d'Adolf Hitler : "'Qui, après tout, se souvient aujourd'hui de la destruction des Arméniens ?' La réponse est : le monde entier, voilà !"

A son tour, Vardanyan évoqua les choses positives qui se passent en Arménie aujourd'hui et déclara espérer leur porter un toast une fois prochaine. "Je me tiens ici, ce soir, parce qu'il y a quelque temps, un étranger a sauvé la vie de mon grand-père," déclara-t-il, comparant Marguerite Barankitse à Maria Jacobsen, une missionnaire danoise qui sauva des milliers d'orphelins arméniens durant le génocide. "C'est un jour très émouvant pour moi, personnellement, car c'était le rêve de Noubar, Vartan et moi, il y a bien des années, de créer ce Prix en Arménie, en particulier parce que nous savons combien il est douloureux de souffrir d'un génocide, combien il est douloureux de perdre nos jeunes de 18 ans en Artsakh, combien il est difficile de continuer à voir la violence autour de nous," déclara Vardanyan. Un court métrage sur l'action de Marguerite Barankitse au Burundi et la Maison Shalom s'ensuivit, complété par des témoignages de gens qui doivent leur vie au courage et à la force de résistance de Marguerite. "Ils nous ont enterrés, mais ils ignorent que nous sommes des graines," dit-elle dans le film.

 

            Hasmik Papian interprétant la "Berceuse" de Parsegh Ganatchian

A son arrivée sur scène, Barankitse déclara que ce prix est "La victoire de l'amour sur la haine." "Ce matin, quand je suis allée à votre Mémorial, le 24 avril, cela m'a rappelé que c'est exactement le jour où j'ai quitté mon pays. C'est exactement le 24 avril de l'an dernier que j'ai fui le Burundi." Elle cita les dernières paroles d'une chanson composée par « son frère » Charles Aznavour : "Une lueur d'espoir, une flamme, le désir de prendre en main ton destin et de te lever, pour toi Arménie, Hayastan." "Peuple d'Arménie, merci à toi pour m'avoir donné le courage, la force de penser qu'un jour, je rentrerai dans mon pays et je chanterai notre hymne national. Merci beaucoup !" déclara-t-elle.

 

Ruben Vardanyan, co-fondateur de 100 LIVES, avec les finalistes du Prix Aurora

Suite au discours animé et vibrant de Marguerite, l'ensemble des finalistes et des membres du Comité de Sélection se réunirent sur scène pour l'annonce du lauréat du Prix Aurora. Vardanyan remercia toutes les personnes impliquées dans 100 LIVES et le Prix Aurora et nota que la dernière fois où le temps était ensoleillé à Erevan, un 24 avril, remontait à 60 ans. "Dieu est lui aussi avec nous, lui aussi soutient ce que nous faisons !" déclara-t-il. "L'Arménie se souviendra, et si nous continuerons de demander justice, nous sommes aussi reconnaissants et nous donnons en retour !"

Clooney ouvrit l'enveloppe contenant le nom du lauréat, déclarant Marguerite Barankitse première récipiendaire du prix de 100 000 dollars. Profondément émue, Barankitse nomma les trois organisations qui recevront en don un million de dollars. Dans un élan qui prit le public par surprise, les co-fondateurs s'engagèrent à verser 25 000 dollars de plus à chaque finaliste du Prix Aurora. Les représentants des trois organisations choisies par Barankitse furent invités sur scène : Véronique Peterbroeck Mairlot, représentant la Fondation Jean-François Peterbroeck, Patrick Godar, représentant la Fondation Bridderlech Deelen Luxembourg et la Fondation du Grand-Duc et de la Grande-Duchesse du Luxembourg.

 

Marguerite Barankitse, première lauréate du Prix Aurora, recevant la statuette de George Clooney

Après que Véronique P. Mairlot ait remercié les officiels présents dans l'assistance, Patricj Godar poursuivit en déclarant : "C'est un grand honneur pour [ces fondations] que Maggie reçoive le Prix Aurora. Nous accueillons cela avec gratitude et respect. Merci pour cette action généreuse en faveur de l'humanité. Nous aimerions aussi féliciter les quatre candidats, Syeda Ghulam Fatima, le Père Bernard Kinvi, le docteur Tom Catena et Maggie, et leur exprimer notre admiration et notre respect pour leur engagement."

Mairlot continua en replaçant l'action de la lauréate du Prix Aurora dans son contexte. "Maison Shalom de Maggie et nous, c'est une longue histoire. Tout d'abord, c'est l'histoire d'une amitié profonde depuis plus de dix ans. Ensuite, c'est une histoire de courage et d'engagement, l'histoire d'une femme exceptionnelle. Depuis 1993, et souvent au péril de sa vie, Maggie voue ses compétences aux milliers d'orphelins victimes de la violence et de la guerre civile qui ont ravagé et qui, malheureusement, continuent de ravager son pays. Grâce à Maison Shalom, Maggie a sauvé des milliers de gens, [elle] redonne espoir et réconcilie des enfants issus de groupes ethniques différents, qui ont tout perdu. Maison Shalom c'est aussi l'histoire d'un message, un message de pardon, de réconciliation et de paix. Un message qui donne de l'espoir, qui forme une génération nouvelle de jeunes éduqués [au] pardon et au respect par-delà les origines ethniques et culturelles. Et Maggie, c'est l'histoire d'une femme qui crée de l'amour quand d'autres répandent la haine, qui, face à la violence et à la fatalité, ouvre de nouvelles possibilités combinant amour, force de création avec courage et progrès. Finalement, Maison Shalom, Maggie, c'est l'histoire d'un pays, le Burundi, où la haine ne l'emportera pas. Nous sommes fiers de faire partie de cette merveilleuse histoire."

Godar conclut en abordant le statu quo : "Depuis avril 2015, le Burundi est frappé par une nouvelle crise politique et sécuritaire qui a contraint Maggie de se réfugiée au Rwanda où elle continue, envers et contre tout, à bâtir et rétablir l'espoir. Reconnue au Rwanda comme une ONG internationale, Maison Shalom a recentré ses activités en particulier sur les femmes et les enfants. Nous suivons Maggie au Rwanda et nous continuerons à la suivre à l'avenir... Nous aimerions féliciter à nouveau l'initiative prise par les co-fondateurs du Prix Aurora. Ce prix est un réel encouragement pour chacun d'entre nous à prendre le risque d'allumer la lumière au milieu des ténèbres."

 

Charles Aznavour, poète, compositeur et chanteur icône du monde arménien

R.Vardanyan invita ensuite Charles Aznavour sur scène. "J'aimerais remercier les organisateurs du Prix Aurora pour tout ce qu'ils font. Nous sommes sur le point de lancer une nouvelle fondation en Arménie et ils nous ont pris sous leur aile. Quand il s'agit de fondations, je suis comme un enfant. J'ai besoin que les gens s'occupent de moi, car j'ai beaucoup d'idées et pas assez de temps !" déclara-t-il, s’exprimant en arménien sur scène pour la première fois dans sa carrière. Une interprétation de Pour Toi, Arménie d'Aznavour, par Kevork Hagopian et le Chœur de chambre Hover s'ensuivit, avec en toile de fond des images vidéo de paysages et de lieux emblématiques de l'Arménie.

 

Le Chœur de chambre Hover interprétant la chanson "Pour Toi, Arménie," de Charles Aznavour

En conclusion, Ignatius déclara : "Il est temps d'en finir avec la victimisation et d'adopter notre humanité et notre tolérance communes. En partant d'ici, emmenons cet esprit d'humanité en partage et inspirons-nous du courage dont nous avons été témoins ici ce soir."